L’impeachment entre procédure juridique et bataille politique
L’impeachment est codifié dans la constitution des USA en son article II section 4 qui dispose <<le président, le vice-président et tous les fonctionnaires civils des USA seront destitués de leurs charges sur mise en accusation et condamnation pour trahisons, corruptions ou autres crimes et délits majeurs>>.
La mise en accusation (impeachment) est votée par la chambre des représentants à la majorité simple comme une loi et le Sénat va statuer sur la mise en accusation en tant que grand Jury qui sera annulée par le Président de la Cour suprême. Pour que la mise en accusation passe il faut qu’elle soit votée à la majorité des 2/3 (67), dite majorité qualifiée.
HISTORICITÉ DE L’IMPEACHMENT
Le premier président des États-Unis mis en accusation est Andrew Jackson en 1868. Il fut le vice-président d’Abraham Lincoln. En effet, le Président Jackson a été mis en accusation pour avoir congédié un de ses Secrétaires d’État, car à l’époque on n’admettait pas ça et il a été acquitté grâce à une voix. Ensuite, il y a eu la mise en accusation de Bill Clinton en 1998-1999 pour l’affaire Monica Lewinsky, car les républicains ont voulu faire payer ce dernier sa forte popularité. Quoi que le Parti républicain fut majoritaire à la Chambre des représentants, ce dernier a pu s’acquitter grâce à un front uni du Parti démocrate derrière leur champion. Notez bien que j’ai pas mentionné Richard Nixon, car ce dernier bien qu’il aie été empêtré dans le scandale du Watergate après les révélations du Washington post, en voyant que la procédure allait aboutir,
Ces dernières semaines, les regards du monde sont établis sur les USA, car une procédure de mise en accusation a été révélée par la Chambre des représentants dominée par les démocrates menés par leur cheffe de file, l’intransigeante Nancy Pelosi. Cette procédure a été votée suite à un appel, le 25 juillet 2019, entre le Président Trump et son homologue Ukrainien, Volodymr Zélinsky, en conditionnant une aide millitaire votée par le Congrès contre une enquête sur Joe Biden, potentiel candidat démocrate aux prochaines élections de novembre 2020.
Mise en accusation votée et les deux Partis sont en guerre, car les républicains ont juré de ne jamais laisser tomber leur champion comme fut le cas pour Nixon en 1974. Selon eux, les démocrates n’ont jamais digéré la défaite présidentielle de novembre 2016. Ces semaines, les débats sur l’impeachment vont de bon train, mais ce que les démocrates reprochent aux républicains c’est leur front commun avec le Président sans jouer leur rôle de contre pouvoir défini dans la Constitution des USA (check and balance) en ne voulant pas auditionner des témoins clés tels que John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale qui vient de publier un livre dans lequel il corrobore les accusations à l’encontre du président Trump, Mack Mulveny et Mike Pompeo. Mais, ils jouissent du privilège de l’exécution. Ce qu’ il faut comprendre dans la psychologie des sénateurs républicains, Trump est très populaire dans sa base qu’il partage avec ces derniers.
Donc désavouer le Président, c’est perdre des soutiens dans leurs États respectifs, donc leur vote sera politique. De plus, dans une année électorale donc un non soutien à Trump serait endetté. Pour les démocrates, le combat est rude car en pleine année électorale et dont plusieurs de leurs sénateurs sont candidats à la primaire démocrate tels que Bernie Sanders, Elizabeth Warren et Klobuchar. Ces derniers doivent être présents aux séances au Sénat (Capitole) et les caucus dans l’Iowa est dans une semaine, soit le 2 février. Les démocrates veulent une procédure rapide pour pouvoir se lancer sereinement dans les campagnes, tandis que les républicains jouent la course à la montre.
Ensuite, les démocrates jouent la carte de l’opinion publique, qui paraît favorable à une majorité écrasante de la population. Les sénateurs républicains font des concessions, mais on est pas encore là.
Comme je l’ai mentionné dans un tweet cette procédure de mise en accusation aura des conséquences et pour les républicains et les démocrates. Seul novembre 2020 déterminera qui a raison ou pas, cependant, selon toute vraisemblance Trump sera acquitté.
Wilfrid Joseph
josephwilfrid73@gmail.com
