Politique : la démocratie se meurt en Haïti
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Politique : la démocratie se meurt en Haïti

Haïti n’arrive toujours pas à se mettre sur les rails de la démocratie.

La démocratie se meurt en Haïti. C’est un fait. Même avec une constitution reflétant les valeurs démocratiques, ce pays de la Caraïbe s’enfonce un peu plus dans l’anarchie. En février 2023, trente-sept ans après la chute des Duvalier, l’État haïtien se retrouve sans aucun élu au pouvoir, à l’heure où l’insécurité gangrène les rues de la capitale.

Trente-sept ans après la chute des Duvalier, Haïti n’arrive toujours pas à se mettre sur les rails de la démocratie. Semble-t-il que la culture dictatoriale prédomine sur les vraies valeurs démocratiques, autant chez les dirigeants au pouvoir que leurs adversaires politiques. Résultat : pas moins de 16 présidents se sont succédé en moins de 40 ans depuis 1986, en raison de nombreux coups d’État qui ont eu lieu en moins de 20 ans, sans oublier les gouvernements provisoires. La course effrénée au pouvoir crée en effet une instabilité austère en Haïti qui plonge le pays dans une profonde crise multidimensionnelle. Même avec une constitution (de 1987) reflétant les valeurs démocratiques, Haïti a du mal à trouver ses repères dans ce système politique fondé sur le respect des normes.

 L’ordre constitutionnel n’est jamais respecté. En réalité, c’est un État qui fonctionne toujours en marge des principes fixés par la loi mère du pays. Il est évident que la démocratie se meurt en Haïti. « Haïti est un État qui n’existe pas », a constaté Samuel Madistin, éminent avocat et ancien candidat à la présidence aux dernières élections (2016) en Haïti. 

C’est le chaos total depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse en sa résidence privée dans la nuit allant du 6 au 7 juillet. Avant sa disparition brutale au pouvoir, l’ex-président du PHTK avait constaté la caducité du parlement haïtien, Co dépositaire de la souveraineté nationale, avec l’expiration du mandat des députés et deux tiers du Sénat. Le deuxième lundi du mois de janvier dernier, le mandat du tiers restant du Sénat était arrivé à son échéance, en conséquence, le pays se retrouve sans aucun élu démocratique au pouvoir. « Il n’y a aujourd’hui plus aucune institution publique qui soit forte, respectée et légitime », a déploré Frédéric Thomas, docteur en science politique, dans une interview avec TV5 Monde.

Seul à la tête du conseil des ministres qui dirige le pays depuis la mort de Jovenel Moïse, Ariel Henry, premier ministre décrié et indexé dans l’assassinat du président, s’en remet à la communauté internationale qui s’entête à le maintenir au pouvoir. Le 6 février dernier, le premier ministre haïtien a procédé à l’installation du Haut conseil de transition (HCT), en présence de hauts dignitaires de la société et de la communauté internationale. Mme Mirlande H. Manigat, ex-première dame et ancienne candidate à la présidence, Laurent Saint Cyr, représentant du secteur privé, et Calixte Fleuridor de la fédération protestante d’Haïti, constituent le HTC dont la mission consiste à réviser la constitution, à renforcer le système judiciaire et à former le conseil électoral devant organiser les prochaines élections.

 Le Bureau intégré des Nations unies en Haïti encourage toutes les forces vives de la nation à participer à ce processus inter-haïtien afin de rétablir les institutions de l’État par la voie des élections libres et justes.

Cependant, un autre danger, soit le plus imminent, plane sur la société. C’est l’insécurité qui gangrène les rues de la capitale. Jusque-là, le conseil supérieur de la police nationale, présidé par le premier ministre, désigné deux jours avant l’assassinat du président Moïse, ne parvient toujours pas à donner une réponse coordonnée aux malversations des groupes armés qui assiègent la capitale. Les élections sont-elles possibles sans le retour au calme en Haïti ? Comment va-t-il s’y prendre pour restaurer la paix sur le territoire sans le soutien militaire de la communauté internationale, qu’il a en effet demandé ? Quelle est donc l’issue de cette crise ? 

Autant de questions qui demeurent sans réponse, pour l’instant. 

La rédaction

 

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