Haïti-Politique : Le Conseil de sécurité de l’ONU répond à l’appel au secours du Premier Ministre Ariel Henry
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Haïti-Politique : Le Conseil de sécurité de l’ONU répond à l’appel au secours du Premier Ministre Ariel Henry

Dépassé par les événements, le gouvernement d’Ariel Henry a sollicité le déploiement immédiat d’une force spécialisée pour stopper sur toute l’étendue du territoire la crise humanitaire. Cette décision, prise en conseil des ministres le mardi 4 octobre 2022, est loin de faire l’unanimité dans le pays. En réponse à cette demande formulée par le premier ministre haïtien, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté un projet de résolution instaurant un régime de sanctions sur Haïti.

Le mardi 4 octobre 2022, le gouvernement, dirigé par le premier ministre Ariel Henry, a pris la résolution “de solliciter et d’obtenir des partenaires internationaux d’Haïti un support effectif pour le déploiement immédiat d’une force spécialisée armée en quantité suffisante pour stopper, sur toute l’étendue du territoire, la crise humanitaire causée, entre autres, par l’insécurité résultant des actions criminelles des gangs et de leurs commanditaires”.

Au lendemain de cette décision prise en conseil des ministres, la population s’est manifestée en occupant les rues des grandes villes du pays, pour exprimer leur désaccord avec le retour des forces étrangères en Haïti et pour continuer à exiger le départ immédiat du premier ministre Ariel Henry. 

Non aux forces étrangères en Haïti

Si l’appel au secours du premier ministre haïtien est appuyé par la communauté internationale, en Haïti, en revanche, il est fortement contesté. Dans une résolution adoptée le 9 octobre dernier, le tiers restant du Sénat, présidé par le sénateur Joseph Lambert, a demandé un sursis à l’exécution de la décision prise en conseil des ministres, autorisant le déploiement de forces armées étrangères en Haïti.

<<L’Assemblée des sénateurs demande au Premier Ministre de fait Ariel Henry de surseoir immédiatement à l’exécution de la résolution du 7 octobre 2022>>, peut-on lire dans la résolution du Sénat, adressée à la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif.

Selon les sénateurs toujours en fonction, cette décision s’apparente à une tentative d’un gouvernement illégitime, impopulaire et de plus en plus contesté, de recourir à des forces étrangères pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir, et retarder ainsi le retour à l’ordre constitutionnel et démocratique.

L’association militaire d’Haïti, constituant d’anciens militaires haïtiens, a critiqué amèrement la décision du PM Ariel Henry de faire venir en Haïti des forces armées étrangères afin de résoudre la crise. Selon le communiqué de l’AMIDH, le gouvernement actuel n’a ni le droit, ni la qualité, ni la légitimité pour amener les bottes étrangères sur le sol national une fois de plus. Ces anciens militaires qualifient cette décision d’acte de trahison.

De son côté, le leader de Pitit Desalin, Jean-Charles Moïse, affirme radicalement son opposition à cette décision qui, selon lui, vise à protéger les intérêts des capitalistes et des colons.” Un gouvernement incapable, incompétent, illégitime et décrié ne peut pas demander que des troupes militaires foulent le sol”, a martelé dans une interview avec Gazette Haïti, l’ancien sénateur de la république, qui continue de haranguer les manifestants à exiger le départ immédiat du premier ministre et de son gouvernement. En réponse à la résolution qu’il qualifie d’antinationaliste, il a pris la tête d’une foule manifestant devant les locaux de l’Ambassade des États-Unis située à Tabarre, le 17 octobre dernier, à l’occasion de la commémoration de l’assassinat de l’empereur Jacques 1er.

Soutenu par la communauté internationale

Par ailleurs, en dépit du contraste de la question dans le pays, le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, a exhorté la communauté internationale, notamment les membres du Conseil de sécurité de l’ONU, à examiner en urgence la demande du gouvernement haïtien.

En effet, le Conseil de sécurité de l’ONU a instauré un régime de sanctions sur Haïti, le vendredi 21 octobre, comprenant le gel cible des avoirs, des interdictions de quitter le pays et des mesures d’embargo sur les importations d’armes pour les acteurs non étatiques. “La résolution, adoptée le 21 octobre 2022, cible tous ceux qui se livrent à des activités criminelles, à la violence et au trafic d’armes, aux violations des droits humains et à l’obstruction à l’acheminement de l’aide humanitaire ou des produits essentiels à la population”, lit-on dans la résolution 2653 du conseil de Sécurité.

La République dominicaine, qui partage l’île D’hispaniola avec Haïti, félicite cette dernière résolution du conseil de sécurité sur la crise haïtienne. “La République dominicaine applaudit l’adoption à l’unanimité de la résolution 2653 du conseil de sécurité de l’ONU qui applique les sanctions à ceux qui aident les gangs et les organisations criminelles en Haïti”, a tweeté le ministre des Affaires étrangères dominicain, M. Roberto Alvarez.

Dans un autre tweet, le chancelier dominicain a affirmé que son gouvernement se conformera fidèlement à cette résolution afin de parvenir à sa mise en œuvre pleine et entière. “La sécurité du pays voisin est vitale et nécessaire non seulement pour les Haïtiens, mais aussi pour la tranquillité de notre pays et de toute la région”, a-t-il soutenu.

Une crise alarmante

Rappelons que la demande formulée par le gouvernement, dirigé par le Dr Ariel Henry, survient à la suite de sa décision de mettre un terme aux subventions sur les produits à la pompe. Un arrêté qui a mis en branle une population qui peinait déjà à s’en sortir. Depuis l’annonce de l’augmentation des prix des produits pétroliers, qui se raréfient dans les pompes, les rues des grandes villes du pays sont devenues le théâtre de manifestations émaillées d’actes de pillage et d’incendies.

Qui pis est, le porte-parole de la fédération des gangs “G9 an fanmi e alye”, Jimmy Cherizier, particulièrement ciblé par les sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU, a obstrué l’accès aux terminales de Varreux, pour exiger du gouvernement le retrait de son arrêté visant à augmenter le prix de l’essence. 

La mainmise de ce dernier sur le centre de stockage de Varreux, a occasionné la fermeture de nombreux hôpitaux dans le pays, et a freiné la circulation des biens et services essentiels à la population. Une situation qui plonge la première république noire dans une profonde crise humanitaire. Dépassé par les événements, le gouvernement d’Ariel Henry, fortement contesté, appel au secours.

Considérant que les précédentes interventions militaires des Américains et des Nations-Unies se sont avérées contre-productives en Haïti, une nouvelle intervention est-elle la solution incontournable pour sortir le pays le plus pauvre de l’hémisphère de cercle infernal d’instabilité ?

La rédaction

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