Des élites politiques visées par les Experts de l’ONU
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Des élites politiques visées par les Experts de l’ONU

Le 18 octobre dernier, les experts du conseil de sécurité de l’ONU ont publié un rapport concernant la situation actuelle d’Haïti. Dans ce rapport, ils ont pointé du doigt des hommes politiques et économiques qui ont contribué à faire d’Haïti ce qu’elle est aujourd’hui.

Le groupe d’experts du conseil de sécurité a été créé par la résolution 2653 (2022) pour enquêter sur la crise haïtienne qui est devenue plus grave après la mort du président Jovenel Moïse en juillet 2021. Le peuple haïtien qui vit sous la violence des gangs, est le résultat des hommes politiques et économiques qui ont donné naissance à ce climat de terreur en recourant à des méthodes inappropriées dans l’exercice de leur fonction. Ils profitent de la vulnérabilité du peuple haïtien pour satisfaire leurs ambitions politiques et économiques. Depuis plus de deux ans, les habitants dans plusieurs quartiers de la zone métropolitaine sont exposés à la violence des bandes armées qui les chassent de chez eux. D’après le rapport, les gangs contrôlent 80 % de la zone métropolitaine et le 20 % restant ne sont pas non plus à l’abri. Dans le rapport final, le groupe d’experts n’a pas caché l’identité des responsables de la crise haïtienne.

Parmi les noms rendus publics, on peut citer en premier lieu, l’ex-président de la république d’Haïti de 2011 à 2016, Joseph Michel Martelly. D’après les experts, il s’est servi des gangs pour étendre son influence dans les quartiers afin de faire avancer son agenda politique, contribuant ainsi à un héritage d’insécurité dont les efforts se font encore sentir aujourd’hui. Toujours d’après le rapport, le président Martelly s’est entretenu avec les gangs par le biais des fondations ou des membres de sa garde rapprochée. Ce dernier est aussi impliqué à la création de la base 257 pour empêcher les manifestations contre le pouvoir à Pétion-ville en 2014. Basé à Pétion-ville, plus précisément à morne Lazarre, ce gang est régulièrement mêlé à des meurtres, des enlèvements, des vols et au trafic de drogue. Est aussi sur la liste son premier ministre Laurent Salvador Lamothe, accusé d’avoir détourné près de 2 milliards de dollars de fonds publics destinés au séisme du 12 janvier 2010. 

En dernier lieu, les personnes qui sont impliquées à faire d’Haïti un enfer sont, Youry Latortue ancien président du Sénat de 2017 à 2018, Prophane Victor député de petite rivière de l’Artibonite de 2016 à 2020, et l’homme d’affaires Reynold Deeb Directeur général du groupe Deka. Tous les trois ont financé les gangs pour leurs besoins respectifs.

La montée en puissance des bandes armées

Les politiciens et les élites économiques qui souhaitent obtenir des votes ou pour protéger leurs biens paient généralement les gangs en nature ou en espèce, une pratique qui a progressivement enrichi les gangs et leur a donné plus de pouvoir, lit-on dans le rapport. Les gangs se sont multipliés à partir de 2018, plus particulièrement dans le but d’exécuter les ordres de l’élite politique et économique. Avec leurs pouvoirs, ils s’unissent entre eux dans le cadre de multiples alliances dans l’objectif de contrôler des territoires. Mais en dehors des alliances, il y a aussi des gangs rivaux qui se battent entre eux dans le même but du contrôle des territoires. Selon les experts de l’ONU, il y a actuellement environ 200 gangs qui opèrent en Haïti, mais ils ont précisé qu’un regroupement d’individus ne constitue pas forcément un gang. De ce fait, il est difficile de donner des chiffres exacts, puisqu’il est difficile de distinguer réellement un gang d’une base qui intervient en légitime défense ou qui commet de petites infractions.

Le rapport final du groupe d’experts sur Haïti a mis la lumière sur les personnes qui sont responsables du quotidien malheureux des Haïtiens après un an d’enquête. Cette révélation n’est pas suivie de sanctions comme l’ont déjà fait des États membres pour certains d’entre eux, mais le groupe d’experts des sanctions a recommandé de sanctionner plus d’individus soupçonnés d’être liés aux gangs en Haïti. 

Milka Zamor

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