Chili – Les plans de Boric déviés par les héritiers de Pinochet
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Chili – Les plans de Boric déviés par les héritiers de Pinochet

Après plusieurs mois à la tête du pays, le président Boric n’arrive pas à faire approuver ses plans de réformes faute de majorité au congrès, des hostilités des médias parfois très conservateurs et des difficultés économiques.

Élu en décembre 2021, le Chili allait connaître son plus jeune président, Gabriel Boric. Ancien syndicaliste étudiant, grande figure des manifestations de 2019 en faveur de l’adoption d’une nouvelle constitution, a été élu face à son adversaire de l’extrême droite José Antonio Kast, grand héritier du régime dictatorial de Pinochet. 

Le président chilien face à la réalité du pouvoir 

Installé en mars 2022, le président va diriger le pays dans un contexte difficile. Car il n’avait pas la majorité au congrès. La droite garde la moitié du Sénat et la Chambre des députés est divisée à parts égales entre le centre et la gauche d’une part et la droite et l’extrême droite d’autre part. Il doit négocier avec chaque élu, au comportement souvent volatil, souligne le politiste Fernando Rosenblatt

Le président Boric qui incarnait le retour d’une gauche plus radicale après trente ans d’alternance entre les partis historiques de centre gauche et de centre droit, n’arrivait pas à faire perdurer la victoire de la gauche à cause de plusieurs échecs de son gouvernement sur plusieurs points importants, comme la défaite à l’élection de l’Assemblée Nationale Constituante le 7 mai dernier dans le processus de rédaction de la nouvelle constitution qui était l’une de ses principales revendications en 2019.

Les principales préoccupations du président étaient de revenir sur la privatisation des services publics qui avait caractérisé la dictature de Pinochet. Il a promis aux citoyens chiliens plusieurs réformes sociales, afin de faire souffler au Chili un nouvel air longtemps sous l’emprise de l’héritage de Pinochet. Mais après plusieurs mois à la tête du pays, le président Boric n’arrivait pas à faire approuver ses plans de réformes faute de majorité au congrès, les hostilités des médias parfois très conservateurs et des difficultés économiques.

L’héritage de Pinochet fait de l’ombre à Boric

Même avant les élections présidentielles, Gabriel Boric s’engageait à la rédaction d’une nouvelle constitution pour rompre à l’héritage de l’ancien dictateur Pinochet. En garantissant   aux Chiliens, le droit à l’éducation, à la santé publique, à une retraite et de reconnaître le droit à l’avortement. La nouvelle constitution étant l’une des prérogatives du président chilien, l’aiderait plus facilement à concrétiser ses promesses électorales si elle est validée par référendum. Malgré les attentes, la rédaction de ce document n’est pas confiée au parti au pouvoir, la gauche a été défaite aux élections de l’assemblée constituante, ajoutée au fait que le premier projet de la nouvelle constitution a été rejeté en septembre l’année dernière ; grande déception de la gauche au pouvoir au profit de l’extrême droite, notons que l’extrême droite est très fidèle à l’héritage de Pinochet.

Les démocrates chiliens ont entamé le processus d’une nouvelle loi fondamentale, dans le but de remplacer l’ancienne instaurée par Pinochet, bizarrement ce sont les héritiers de Pinochet qui vont s’en charger de réécrire la nouvelle constitution, ce pour quoi il a manifesté en 2019. José Antonio Kast, leader du parti républicain ultra-conservateur, candidat malheureux à la présidentielle de 2021 face à Gabriel Boric, a obtenu la majorité à l’Assemblée Nationale Constituante, est désormais chargé d’élaborer la nouvelle constitution. Cet homme politique qui ne cache pas son admiration pour Pinochet s’est toujours opposé à toute modification de la constitution actuelle. Un autre élu au conseil constitutionnel, Luis Silva, membre du parti républicain d’extrême droite, a fait l’apologie de l’ancien dictateur en dévoilant son admiration au public. La gauche étant à faible majorité au conseil, craint la résurgence des idées de l’ancien dictateur.

Les extrémistes, héritiers de la dictature de Pinochet, ne ratent pas une occasion de faire l’éloge de l’ancien dictateur. Rios Jara, spécialiste des mouvements sociaux chiliens, déplore le fait que la gauche au pouvoir a perdu le contrôle et que le soulèvement social de 2019 n’a pas abouti à un véritable changement social.

Milka Zamor 

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