Révocation du TPS pour plus de 500000 Haïtiens

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Une décision américaine au goût amer

Le 27 juin 2025, l’administration Trump annonce la révocation définitive du Statut de Protection Temporaire (TPS) accordé à plus de 520 000 Haïtiens vivant aux États-Unis. À partir de septembre, ces hommes, femmes et enfants deviennent expulsables vers Haïti, un pays aujourd’hui ravagé par l’effondrement de l’État et la violence des gangs.

Washington justifie cette décision par une amélioration présumée des conditions en Haïti. Pourtant, dans le même temps, le département d’État américain recommande à ses citoyens d’éviter toute visite dans le pays, évoquant meurtres, enlèvements, absence de soins médicaux et troubles civils. 

 

Haïti  : un pays à feu et à sang

La situation en Haïti est critique : écoles fermées, hôpitaux désertés, gangs omniprésents. Et les armes ? On sait tous qu’elles ne sont pas fabriquées en Haïti.

Chaque jour, des cargaisons illégales d’armes semi-automatiques et de munitions transitent par les ports haïtiens sous le regard complaisant ou complice de certaines autorités locales. La majorité de ces armes proviennent de Floride, d’Atlanta, de Houston. Des réseaux mafieux, des complicités politiques et un laxisme de la communauté internationale, ne prononçant que des sanctions alimentent ce commerce meurtrier.

 

Une expulsion vers le chaos

Expulser des Haïtiens dans ces conditions revient à les livrer à la mort sociale, économique, voire physique. Nombre d’entre eux ont construit une vie aux États-Unis : emploi stable, enfants nés sur le sol américain, intégration réussie. Leur renvoi vers un pays qu’ils ne reconnaissent plus est un coup fatal.

Ceux qui tenteront de rester clandestinement vivront dans la peur et la marginalisation. Ceux qui chercheront une autre terre d’accueil affronteront racisme, exploitation et rejet, le lot quotidien de nombreux migrants haïtiens dans le monde.

Un système haïtien trahi de l’intérieur

La catastrophe actuelle n’est pas uniquement le fruit de l’ingérence étrangère. Elle est aussi la conséquence de la trahison des élites haïtiennes.

Pendant des décennies, une classe politique corrompue a pillé les ressources, détruit les institutions, armé les gangs pour asseoir son pouvoir. Les gouvernements successifs ont abandonné le peuple, laissant l’État sombrer. Aujourd’hui, Haïti est un cadavre d’État : sans justice, sans éducation, sans sécurité.

La responsabilité historique des États-Unis

Depuis le XIXe siècle, les États-Unis ont activement contribué à la fragilisation d’Haïti : refus de reconnaissance de l’indépendance, occupation militaire de 1915 à 1934, pillage de la Banque centrale, soutien à des régimes autoritaires, sanctions économiques.
Le TPS n’était qu’un geste de reconnaissance silencieuse de cette dette morale.

Le révoquer dans le chaos actuel, c’est effacer cet aveu et replonger des centaines de milliers de personnes dans l’incertitude.

Et maintenant ? Fuir ou rebâtir ?

Face à cette impasse migratoire, une question essentielle s’impose : les Haïtiens vont-ils continuer à fuir ou décider de reconstruire ?

La réponse ne viendra ni de Washington, ni de l’ONU, ni d’aucune force extérieure. Elle repose sur un sursaut collectif, un changement radical de mentalité, une reprise en main par et pour les Haïtiens eux-mêmes. Cela implique de repenser la politique, d’exiger des comptes, et de faire émerger une nouvelle génération de leaders patriotes.


La révocation du TPS démontre que les États n’ont pas d’amis mais que des intérêts, et que  les plus vulnérables seront sacrifiés pour des intérêts stratégiques.

Mais cette décision peut aussi marquer un point de rupture : le moment de choisir entre l’abandon définitif du pays ou sa reconstruction par ses propres enfants, de l’intérieur comme de la diaspora.

Reconstruire ou disparaître. Voilà le choix.