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L’histoire de la famille Brandt en Haïti commence avec le tout premier Brandt : Oswald J. Brandt, un jeune homme arrivé en Haïti sans un sou et qui allait devenir l’homme le plus riche du pays.
Né en Jamaïque en 1890, il immigre en Haïti en 1910 à l’âge de 20 ans. C’est avec lui que débute la dynastie Brandt. Peu après son arrivée, il rencontre une jeune Haïtienne nommée Thérèse Bart, dont il tombe amoureux et qu’il épouse.
L’année même de son arrivée à Port-au-Prince, Oswald se fera des amis, avec des membres influents du gouvernement d’Antoine Simon. Grâce à l’intervention personnelle du ministre des Finances de l’époque, il obtient un emploi à la Banque nationale d’Haïti. Quelques années plus tard, il quitte cette institution pour rejoindre la Banque Royale du Canada, nouvellement implantée dans le pays, où il sera promu directeur. Cette banque deviendra plus tard la SOGEBANK.
À partir de 1928, il quitte définitivement la Banque Royale et se lance dans les affaires. Il investit dans presque tous les domaines de l’économie haïtienne : textile, agriculture, café, cacao, ainsi que dans les produits pharmaceutiques et alimentaires, les concessions automobiles et les assurances.
Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, il devient l’homme le plus riche d’Haïti, avec des investissements dépassant les frontières, notamment aux Bahamas, en Jamaïque et aux îles Caïmans. Sa fortune était alors estimée à plusieurs fois le budget de l’État haïtien.
Mais la question demeure : d’où vient tout cet argent ?
À son arrivée, Oswald J. Brandt ne possédait aucune fortune personnelle, et son dernier poste connu était celui de directeur de la Banque Royale du Canada. Selon l’auteur Charles Dupuy, dans son ouvrage intitulé << Le Coin de l’Histoire >>, cette richesse soudaine proviendrait de braquages de fourgons appartenant à la Banque Royale du Canada, dont Brandt aurait été le cerveau. L’auteur évoque plusieurs éléments allant dans ce sens, mais Oswald J. Brandt ne fut jamais poursuivi.
Il sut également faire fructifier ses avoirs grâce à ses alliances politiques, en finançant ses relations qui lui renvoyait la réciprocité une fois ceux-ci au pouvoir. Le journal La Ruche de l’époque l’accusa d’« escroc », et plusieurs témoignages rapportent qu’Élie Lescot fut l’un de ses principaux soutiens, lui ouvrant de nombreux marchés et privilèges.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, sous le gouvernement Lescot, Haïti déclara la guerre à l’Allemagne et saisit les biens des commerçants allemands. Brandt fut l’un des grands bénéficiaires de ces saisies, rachetant notamment la société Reinbold, alors l’une des plus grandes entreprises du pays, dont il devint un actionnaire majoritaire. Sa fortune colossale fit de lui un homme incontournable.
Son influence s’étendit du gouvernement d’Élie Lescot jusqu’à sa chute. Lorsque Dumarsais Estimé prit le pouvoir, il chercha à apaiser la crise sociale en augmentant le salaire minimum. L’opinion publique accusa Brandt d’être responsable de la disette et de la flambée des prix, puisqu’il contrôlait lui-même la fixation de nombreux produits. Il fut arrêté pour fraude fiscale, abus de confiance et corruption, mais ne resta que trois jours en prison.
Selon Lyonel Paquin, dans Les Haïtiens : politique de classe et de couleur, le directeur de la prison aurait même apporté ses propres meubles pour rendre la cellule de Brandt plus confortable et permettre à ses amis de lui rendre visite.
Sous Paul Magloire, les affaires reprirent de plus belle. Son fils Clifford Brandt devint un proche du président, partageant avec lui le goût de la vie mondaine. Devenu veuf en février 1951, Oswald épousa Madame Blanc.
À l’arrivée de François Duvalier, la toute-puissance des Brandt s’effrita. Duvalier força Oswald à financer, sous forme de prêt, plusieurs projets publics, dont la rénovation de la Grand-Rue. Brandt fit aussi des dons : un laboratoire de sciences au lycée Pétion, 750 000 dollars au gouvernement pour le développement national, et 50 000 gourdes à la Secrétairerie d’État à la Coordination et à l’Information, inondée le 29 avril 1959.
En 1961, lors de la « réélection » de Duvalier, il entra dans une opposition ouverte contre le régime. Lui et son fils Clifford Brandt furent soupçonnés d’être des informateurs de Radio Vonvon, une station clandestine anti-duvaliériste. En 1968, ils furent arrêtés et emprisonnés aux casernes Dessalines, accusés d’avoir financé une tentative d’invasion armée au Cap-Haïtien. Ils seront libérés par la suite.
En 1973, Oswald J. Brandt fonde avec son fils Clifford et plusieurs partenaires (Marcel Dupuit, George Bossan, etc.) la Banque de l’Union Haïtienne (BUH). Trois ans plus tard, le 24 mars 1976, Oswald J. Brandt s’éteint à l’âge de 85 ans, à son domicile de Bourdon.
Auteur : Roodelin Charlotin
Sources :
1 – Lyonel Paquin, Les Haïtiens, politique de classe et de couleur.
2 – Charles Dupuy, dans son ouvrage intitulé << Le Coin de l’Histoire >>
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